par François Verstraete
Le réalisateur d'Avatar 2 : La Voie de l'eau, James Cameron a dénoncé le fragile équilibre sur lequel repose les plateformes de streaming ainsi que leur politique durant la pandémie.
Avatar 2 va-t-il exploser tous les records au box-office ? Difficile de répondre à cette épineuse question pour le moment même si le long-métrage de James Cameron est déjà le 7e plus gros succès de tous les temps. La réussite du blockbuster n’a pas seulement rassuré son auteur (qui risquait énormément dans l’entreprise), elle a surtout insufflé une véritable bouffée d’oxygène à un parc cinématographique très affecté par la fermeture des salles durant la pandémie du Covid-19 et férocement concurrencé par les plateformes de streaming.
Une concurrence que James Cameron ne voit pas d’un très bon œil, le cinéaste n’a d’ailleurs pas caché son animosité envers cette nouvelle pratique de consommation. Il a ainsi déclaré auprès de Variety « en avoir assez de rester assis le cul sur sa chaise et qu’il fallait retourner au cinéma ». Ces propos véhéments rejoignent d’autres paroles très significatives prononcées par le réalisateur.
«Ne t'en fait pas, je soutiendrai toujours les salles»
En effet, lors du podcast Kim Master’s The Business, James Cameron a exprimé ses craintes sur la politique du streaming et a dénigré la stratégie des plateformes durant la pandémie :
« J’ai l’impression que le virus [du streaming, ndlr] a contaminé tout le monde lorsque la pandémie a frappé (et elle n’a pas tout simplement fait mal, elle a tué les cinémas)… Nous ressuscitons le cinéma aujourd’hui, mais il a tué les salles pendant près d’un an… Ils [les dirigeants des plateformes, ndlr] racontaient tous une belle histoire aux gens de Wall Street, sur la façon dont ils allaient créer tout ce contenu.
Et d’après ce que j’ai pu observer de loin parce que je n’étais pas directement impliqué, il semblerait que tout le monde jetait de l’argent par les fenêtres afin de générer du contenu et de régénérer ou de renouveler constamment leur catalogue... Mais il me semble désormais que le téléspectateur doit souscrire à huit ou dix abonnements [HBO, Disney+, Netflix, Amazon, Paramount+, etc.] pour tout voir… il est donc évident que cette situation ne peut pas perdurer, a priori, et qu’il s’agit d’un véritable Ponzi [un système frauduleux, ndlr]. Je pense qu’il y aura une certaine régulation par la suite. »
«Bon, il va falloir choisir quel abonnement conserver»
Tout comme Steven Spielberg (qui avait dénoncé la stratégie de Warner suite à la crise du Covid-19) ou Christopher Nolan (qui avait quitté la Warner à cause de ses agissements avec HBO Max et cie), James Cameron regrette quelque part le gaspillage engendré par la guerre opposant les sociétés de streaming, prêtes à dépenser des fortunes afin de diffuser toujours plus de contenu (particulièrement des exclusivités). En outre, il pointe du doigt l’équilibre fragile du système, soulignant l’incapacité financière des personnes au budget modeste à souscrire à autant d’abonnements (ce qui entrainerait à terme la fermeture de certaines plateformes et ça a déjà été le cas, RIP Quibi). Cette analyse fort intéressante mérite d’être débattue dans un proche avenir (et on laissera le lecteur forger sa propre opinion sur ce sujet épineux).
Quoi qu’il en soit, James Cameron peut se féliciter du triomphe d’Avatar 2 après la terrible période traversée par le parc cinématographique. Et en dépit de l’émergence de la pratique du streaming, le public semble encore enclin à se déplacer pour assister à un spectacle d’envergure comme son dernier long-métrage. Avatar 2 : La Voie de l’eau est à ce jour, toujours visible exclusivement en salles.
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