Par Anne Demoulin

Tim Burton renoue avec ses étranges obsessions dans la série « Mercredi », disponible sur Netflix ce mercredi
Le match parfait ! Si les noces funèbres entre le néogothique enchanteur de Hollywood Tim Burton et la gamine macabre et sardonique de la Famille Addams, Mercredi, semblent qu’évidentes, elles n’avaient jusqu’ici jamais abouti. Approché pour réaliser le film de 1991, le cinéaste doit renoncer en raison de son engagement antérieur sur Batman, Barry Sonnenfeld s’y colle. Au début des années 2010, les rumeurs parlent d’une résurrection de la famille Addams en stop motion qui ne voit jamais le jour.
C’est désormais chose faite avec Mercredi, série d’Alfred Gough et Miles Millar, produite et en partie réalisée par Tim Burton, lancée ce mercredi sur Netflix. Comment cette adaptation drôle et sombre des comics de Charles Addams permet au cinéaste d’y développer son univers ?
Mercredi, l’héroïne gothique par excellence
Mercredi rejoint la cohorte des héros gothiques burtoniens au teint blafard, qui ne se sentent à leur place nulle part, sauf dans les cimetières. Comme Lydia Deetz dans Beetlejuice, Mercredi est une adolescente brillante, mais tourmentée par ses angoisses, qui se sent isolée d’un monde qu’elle exècre. Comme Katrina Van Tassel dans Sleepy Hollow, Mercredi possède un don de sorcellerie qu’elle a hérité de sa mère. Comme Edward dans Edward aux mains d’argent, Mercredi semble réticente à toucher les gens, parce que cela lui provoque des visions… Comme Angelique Bouchard dans Dark Shadows, l’intrigue en fait, au travers le récit de ses lointaines origines, une sorcière, une jeune femme vouée au bûcher puisque farouchement libre et indépendante.
Mercredi, une voix dissonante et mordante
L’histoire commence lorsque Mercredi (Jenna Ortega) est expulsée du lycée Nancy Reagan après une farce particulièrement mordante (un incident incluant de nombreux piranhas, quelques sportifs et un testicule perdu). L’humour sardonique de Mercredi sert à Tim Burton et ses comparses d’antidote joyeusement macabre à l’Amérique bien pensante, au rêve américain de la palissade blanche et à la vision idéalisée de son passé et de sa fondation. L’épisode 3 où les lycéens visitent le parc d’attractions Pilgrim World s’avère particulièrement acide : « Il faut vraiment être stupide pour consacrer un parc aux coupables d’un génocide », juge Mercredi dès l’épisode 1. Une ironie féroce déjà à l’œuvre dans Mars Attack ! ou Edward aux mains d’argent.
L’ado asociale est expédiée par ses parents Morticia (Catherine Zeta-Jones) et Gomez Addams (Luiz Guzmán) à Nevermore, le pensionnat où ils se sont rencontrés. Cette école gothique à la Poudlard, dirigée d’une main de fer par Larissa Weems (Gwendoline Christie), accueille toutes les cliques de bizarres : les loups-garous, les vampires, les gorgones ou encore les sirènes. Comme à son habitude, Tim Burton s’intéresse aux gens différents, à ceux que la société décide d’ignorer ou d’exclure.
Mercredi, une série ultra-référencée
La signature de Burton transparaît dans quelques motifs récurrents : l’arbre tordu qui trône dans la cour de Nevermore et l’antre en spirale sortent tout droit de Sleepy Hollow. Les cicatrices de la Chose rappellent son obsession pour Frankenstein observée depuis son court métrage de 1984, Frankenweenie.
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