Avec AFP

En 2021, Roman Protassevitch, journaliste d'opposition, avait été impliqué dans l'interception controversée d'un vol Ryanair entre Athènes et Vilnius par les autorités bélarusses.
Dans une vidéo publiée par l'agence de presse Belta, Roman Protassevitch, l'ex-journaliste dissident bélarusse, affirme avoir reçu une grâce présidentielle de la part d'Alexandre Loukachenko, président du Bélarus.
Dénouement plus qu’inattendu. L’ex-journaliste dissident bélarusse Roman Protassevitch pourtant condamné début mai à huit ans de prison a finalement été gracié ce lundi 22 mai par le président Alexandre Loukachenko, rapporte l’agence Belta. Deux ans plus tôt, il avait été arrêté après l’interception spectaculaire d’un avion de ligne au Bélarus.
« Je viens de signer les documents appropriés attestant que j’ai été gracié », a déclaré à Belta Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef du média d’opposition Nexta qui avait joué un rôle clé dans la contestation du pouvoir en 2020.
Aujourd’hui âgé de 28 ans, Roman Protassevitch avait été arrêté le 23 mai 2021, après qu’un avion de chasse bélarusse avait dérouté vers Minsk le vol Ryanair le conduisant d’Athènes à Vilnius, suscitant alors un tollé international. « Je suis très reconnaissant au pays et, bien sûr, au président personnellement pour cette décision », a-t-il ajouté dans une vidéo Youtube diffusée par Belta. Selon l’ex-journaliste, le président Loukachenko aurait signé ce décret le 16 mai.
Au moment de l’interception de ce vol Ryanair le président français Emmanuel Macron avait décrit cette manœuvre du pouvoir bélarusse comme « une violation inacceptable du droit international », qui avait d’ailleurs entraîné une « série de sanctions » contre l’État dirigé par Alexandre Loukachenko.
Le détournement du vol Ryanair en Biélorussie est une violation inacceptable du droit international. Avec mes homologues européens, nous venons de prendre une série de sanctions et appelons fermement à la libération immédiate de Roman Protassevitch et de sa compagne.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 25, 2021
Sa compagne au moment de son arrestation, Sofia Sapega, citoyenne russe, avait elle été condamnée à six ans de prison. Des négociations sont toujours en cours entre Minsk et Moscou afin qu’elle soit transférée en Russie pour y purger sa peine.
Nexta, un contre-pouvoir étouffé
Le média d’opposition Nexta a joué un rôle clé dans la mobilisation du mouvement de protestation contre la réélection, jugée frauduleuse, en août 2020 d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994. Le média avait notamment relayé les appels à manifester et diffusé des images de la mobilisation et des répressions policières.
Cela avait valu à Nexta d’être interdit et classé « organisation terroriste » par la justice bélarusse. Après son arrestation, Roman Protassevitch avait pourtant accepté de coopérer avec l’enquête et affirmé se repentir, dans des vidéos diffusées par la télévision publique bélarusse, enregistrées « sous la contrainte » selon l’opposition.
Accusé d’appels publics à « prendre le pouvoir », à commettre des « actes terroristes » et d’insulte au chef de l’État, Roman Protassevitch avait été assigné à résidence jusqu’à son procès avant d’être finalement condamné au début de ce mois à huit ans de prison.
Un tribunal bélarusse a condamné à huit ans de prison Roman Protassevitch, un ex-journaliste dissident arrêté au Bélarus en 2021 après l'interception spectaculaire d'un avion de ligne, suscitant un tollé et des sanctions occidentales contre Minsk #AFP pic.twitter.com/8EMBKahSNr
— Agence France-Presse (@afpfr) May 3, 2023
Deux autres de ses collègues en exil à l’étranger, Stepan Poutilo et Yan Roudzik, ont eux été condamnés par contumace à des peines respectives de 20 et 19 ans d’emprisonnement, dans cette affaire emblématique de la répression au Bélarus.
Par ailleurs, la grâce de Roman Protassevitch intervient dans un contexte particulier, comme l’a rappelleél’ONG Reporters sans frontières (RSF) dimanche sur ses réseaux sociaux. La veille de cette libération était en effet la « Journée de solidarité avec les prisonniers politiques au Bélarus ».
En cette Journée de solidarité avec les prisonniers politiques au #Bélarus, RSF apporte tout son soutien à #MarynaZolatava, l'ex-rédactrice en chef du premier média du pays @tutby, et aux 32 autres journalistes détenus dans les geôles de Loukachenko. #FreeZolatava pic.twitter.com/vL2idIFbSs
— RSF (@RSF_inter) May 21, 2023
RSF rappelait à cette occasion que Maryna Zolatava, ex-rédactrice en chef « du premier média du pays » était toujours détenue « dans les geôles de Loukachenko », au même titre que 32 autres journalistes travaillant dans ce pays allié de Moscou.
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