La fusée la plus puissante du monde est un gouffre financier pour la NASA

Publié le 20 décembre 2022 à 11:00

par Tristan Carballeda

Le 16 novembre dernier la NASA faisait décoller sa fusée SLS pour la toute première fois. Depuis, le coût de cette mission interroge.

La fusée SLS pour Space Launch System a réalisé son premier vol le 16 novembre dernier. À l’occasion de la mission Artemis 1, la fusée a pris son envol depuis Cap Canaveral en Floride, lieu historique des décollages américains. Mais ce lanceur, dont le coût est estimé à 4 milliards de dollars n’est pas réutilisable.

Les industriels de la NASA doivent donc reconstruire un exemplaire entier de la fusée pour la mission Artemis 2, dont le départ est prévue pour le printemps 2024. Avec quatre à cinq missions dans les années à venir, la facture pourrait atteindre 20 à 25 milliards de dollars pour la NASA, seulement en frais de construction.

SpaceX : sauveur de la NASA

Dans le même temps, des solutions privées existent. SpaceX, avec le BFR (Big Falcon Rocket) est un candidat de choix. Cette fusée composée d’un premier étage de Super Heavy et d’un Starship à son sommet est plus puissante encore que le SLS.

Seul inconvénient, elle n’a encore jamais volé et sa conception pose déjà de gros problèmes à l’entreprise d’Elon Musk. Officiellement,le SLS est le seul lanceur de la NASA pour se rendre sur la Lune. Mais en coulisses, des discussions existent pour remplacer cette fusée déjà vue comme obsolète.

Non-réutilisable, la fusée a un coût faramineux. Dans le même temps, elle permet à toute l’industrie des lanceurs lourds de subsister. Pendant des décennies ces entreprises ont fait fortune avec la navette spatiale, l’arrêt de cette dernière suite à l’accident de Columbia a failli les tuer.

L’investiture d’Obama en 2009 et l’arrêt du programme Constellation a obligé le Sénat a amendé en urgence le budget de la NASA en 2011 pour y inscrire le développement d’un lanceur super-lourd, le SLS. Cette fusée politique, un temps baptisée “Senate Launch System” a sauvé des milliers d’emplois. Elle a depuis permis à la NASA de reprendre sa route vers la Lune.

Déjà la fin ?

Face à une concurrence privée abordable, le lanceur SLS semble déjà d’une autre époque. L’appareil peut amener 81 tonnes de charge utile en orbite, près d’un quart de l’ISS, mais cette puissance n’est pas requise pour viser la Lune. La seule façon pour la NASA de justifier un tel lanceur serait de trouver des objectifs plus lointains, comme Mars, ou le transport de charge utile conséquente comme une base lunaire.

Ces projets sont bien dans les petits papiers de l’agence spatiale américaine. Mais là encore SpaceX pourrait tirer son épingle du jeu. Le BFR serait capable d’envoyer 150 tonnes de charge utile en orbite. Une puissance supérieure à celle du SLS. Pour l’heure la NASA continue de publiquement soutenir son lanceur et la construction de SLS-2 est déjà en cours. Elle devrait s’achever dans le courant de l’année 2023 .


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